Page:Ducros - Les Encyclopédistes.djvu/258

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leur faveur l’opinion de leur temps, nous les renvoyons à Diderot lui-même, qui écrivait à Falconnet à propos de l’Encyclopédie : « Mon ami, ces gens-là ont donc joué le jeu de m’envoyer au Fort-l’Évêque, — et quand je dis : ces gens-là, je veux mourir si je sais bien précisément de qui je vous parle[1]. » Nous de même : quand nous entendons flétrir les « persécuteurs » de l’Encyclopédie, nous avouons que nous ne savons pas bien précisément de qui on veut parler.


III. — les défenseurs du trône et de l’autel : les théologiens, les laïques.


Les adversaires de l’Encyclopédie ne se contentèrent pas de l’attaquer, pour ainsi dire, en bataille rangée, dans ces séances solennelles où le Clergé et le Parlement parlaient au nom de l’Église et de la magistrature française toute entière ; ils opposèrent encore, à l’armée sans cesse grandissante des Encyclopédistes, toute une légion de combattants qui descendirent séparément dans l’arène et attaquèrent « le monstre », chacun à sa manière et avec des armes très différentes, celui-ci par sa parole et celui-là par ses écrits ; et, même parmi les écrivains du parti catholique, tandis que les uns rédigent consciencieusement de longs ouvrages didactiques, d’autres, cédant au goût du jour, écrivent au pied levé un court pamphlet, brochent une satire ou improvisent une comédie. Plutôt que d’infliger au lecteur l’énumération, elle serait trop longue à faire, de tous les Anti-Encyclopédistes, et l’analyse, elle serait trop pénible à lire, de tous les écrits dirigés contre l’Encyclopédie et tombés depuis longtemps dans un juste oubli, nous allons essayer, pour mettre un peu d’ordre dans ce chaos de livres et de brochures de toutes sortes, de partager d’abord les adversaires des philosophes en deux catégories, suivant qu’ils

  1. Diderot, XVIII, 313.