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Page:Ducros - Les Encyclopédistes.djvu/361

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laire que celui-ci avait fait peser sur l’athéisme : après avoir énuméré les funestes conséquences, pour la vie sociale, de l’ascétisme et du célibat, après avoir montré l’Église hostile à la science et même au progrès du commerce et de l’industrie, puisqu’elle enseigne qu’il faut ici-bas songer uniquement à son salut, il conclut hardiment, en prenant à son compte personnel les raisonnements généraux de Bayle, que ce n’est pas, comme on n’a cessé de l’imprimer jusqu’à Bayle et de le répéter après lui, une société d’athées qui serait impossible, mais bien une société de chrétiens conséquents : « Si l’on suivait à la rigueur les maximes du christianisme, nulle société politique ne pourrait subsister. » L’on peut repousser, à coup sûr, cette thèse de d’Holbach et d’autres semblables, mais ce qu’on ne peut nier, c’est, d’abord, que beaucoup de raisons invoquées par lui contre le christianisme ne sont pas sans valeur, puisqu’elles ont été reprises, sous d’autres formes, par des écrivains contemporains à qui l’on ne saurait refuser ni l’élévation de l’âme, ni l’indépendance de la pensée et tels que l’auteur de la Vie de Jésus et l’auteur de l’Irréligion de l’avenir ; et c’est ensuite que l’athéisme n’est plus, depuis le Système de la nature, une mauvaise action : c’est une simple opinion désormais qui s’affirme au grand jour par la bouche d’un honnête homme. « À la religion près, dit-on, c’est un honnête homme. Quelle exception, s’écriait Bourdaloue, à la religion près ! c’est-à-dire que c’est un fort honnête homme à cela près qu’il a des principes qui vont à ruiner tout commerce, toute confiance entre les hommes. En un mot, c’est un fort honnête homme à cela près qu’il n’a ni foi ni loi. Mettez-le à certaines épreuves et fiez-vous-y : vous verrez ce que c’est que cet honnête homme[1]. » On l’a vu depuis, car la probité de d’Holbach témoignait qu’il était parfaitement possible de vivre avec un athée déclaré ; et, sans le faire meilleur ni pire que la plupart de ses contemporains, on peut dire

  1. Pensées diverses sur la foi.