Page:Dufay - L’Impôt Progressif en France,1905.djvu/142

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pire, les plus grandes difficultés à procéder aux réformes jugées nécessaires. Avec notre système, nous avons fini par trouver tout naturel que les mêmes règles fiscales s’appliquent aux Parisiens de l’avenue des Champs-Élysées, aux Bretons de Sainte-Anne d’Auray, aux pâtres des Landes, et à l’Auvergnat de Saint-Flour. En sorte que notre fameuse devise : une et indivisible, est devenue précisément l’un des grands obstacles au perfectionnement, non-seulement de la législation fiscale, mais encore de la législation civile et judiciaire. Il semble qu’on n’a eu qu’un seul but, c’est de rendre la chose plus commode pour le percepteur qui reçoit, sans s’occuper de savoir si elle l’est aussi pour le contribuable qui paie. Comprendrons-nous un jour que république et centralisation sont choses incompatibles, irrationnelles, contradictoires ? On va voir par ces tableaux comment, en Suisse, on a pu appliquer rationnellement la progression, laquelle n’est pas autre chose qu’une proportion équitable croissant en même temps que croissent les facultés du contribuable. À la richesse progressive on oppose avec justice l’impôt progressif.

À noter, au surplus, que ces tableaux n’indiquent pas l’impôt fédéral perçu en Suisse, montant à environ 55 millions. Il ne s’adresse pas directement aux contribuables, ni à leur fortune ; il est fourni presque en totalité par les taxes douanières et le monopole de l’alcool. Ce sont les cantons, lesquels forment autant de petits États, qui établissent leurs budgets correspondant à ce que nous appelons le budget de l’État.