Page:Dufay - L’Impôt Progressif en France,1905.djvu/226

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laborieuse qui possède fort peu. C’est à un million, en effet, que dans les essais précédents, on a arrêté la progression, tant il est vrai que :

Du côté de l’argent est la toute puissance.

Franchissons donc ce million, et augmentons la proportion de l’impôt sur les millions supérieurs, c’est là ce qu’une sage politique doit faire. Plus tard, les dépenses diminueront sous l’influence de ces millionnaires tout-puissants, quand ils sentiront par leur côté le plus sensible, c’est-à-dire le coffre-fort, qu’ils paient eux-mêmes ces dépenses dans une plus large et plus juste proportion qu’ils ne l’ont fait jusqu’à ce jour.

Il n’y a ni barbe ni tête à couper en tout cela, mon aimable correspondant, personne ne vous demande ni votre menton à raser, ni votre col à trancher. Si vous appartenez à cette classe heureuse des multi-millionnaires, vous paierez quelques mille francs de plus à votre percepteur ; vous serez moins embarrassé de capitaux à remployer et, comme je suppose que vous avez du cœur, vous aurez la satisfaction d’avoir contribué à mettre un peu d’aisance dans ces pauvres ménages où le travail du père et de la mère est si souvent insuffisant.

Vous faites allusion au temps présent, les hommes au gouvernail de l’État ne vous satisfont pas, ils passeront comme ont passé ceux qui les ont précédés, comme passeront à leur tour, ceux qui vont leur succéder. Ce qui passe moins que les hommes, se sont les institutions ; quand elles portent l’empreinte de la raison et de la justice, elles produisent toujours de bons effets. Si à chaque période historique, on avait hésité à procéder aux réformes utiles sous prétexte