Page:Dufay - L’Impôt Progressif en France,1905.djvu/285

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La puissance d’accumulation de la richesse n’a rien à faire avec l’impôt. C’est aux institutions qu’il appartient d’en empêcher l’excès. Donner ce rôle à l’impôt, c’est en faire une forme de confiscation et sortir de la loi pour entrer dans l’arbitraire : c’est décourager l’épargne, les grandes entreprises, les améliorations à la propriété, c’est en un mot, attaquer les sources de la richesse nationale.

Je crois que l’impôt frappant les très grandes fortunes, aurait précisément le même effet que le gibet de Montfaucon et que même en agissant d’une manière continue chaque année, il finirait par faire disparaître ces facheux engorgements de richesses, qui se renouvelaient sans cesse et se renouvelleraient encore chez nous, après le fonctionnement du gibet de Montfaucon, puisque la cause première ne serait pas supprimée. Cet argent provenant des exactions des Samblançay, des Enguerrand de Marigny, des Fouquet, sentait si mauvais, paraît-il, que les con seillers de nos anciens rois leurs défendaient de le faire entrer dans la finance royale, ils l’appliquaient à des œuvres de bienfaisance, aux hospices, au rachat des prisonniers, etc.

Je ne verrais aucun inconvénient à faire revivre ce très moral procédé ; les impôts sur les millions, les dizaines et les centaines de millions pourraient très bien servir spécialement, non plus à payer de gros traitements à quelques fonctionnaires, mais à créer ces habitations à bon marché, saines, confortables, ces pensions de retraites, introuvables jusqu’à maintenant.