Page:Dufay - L’Impôt Progressif en France,1905.djvu/289

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sur la partie la plus pauvre de la population. C’était un reste, une tradition, une suite du droit du plus fort sur le plus faible, c’est-à-dire, du conquérant sur le vaincu. Les biens immenses de la noblesse, du clergé, de certaines corporations privilégiées, en étaient absolument exempts. Dans le début, cette noblesse et ce clergé étaient bien en revanche chargés, les premiers du service militaire, comme chefs du moins, les autres de la distribution de certaines aumônes et de l’entretien d’hôpitaux, de maladreries, de léproseries, des œuvres de bienfaisance. Dans les dernières siècles de notre ancienne société, tout cela avait singulièrement dégénéré : le pouvoir absolu de la royauté, d’une part, l’emploi égoïste des richesses accumulées, d’autre part, avaient fait perdre complètement les bonnes traditions et accumuler à tel point les abus qu’il n’a pas été difficile aux têtes échauffées d’amener partout une excitation passionnée, contre un ordre social, généralement corrompu. Aujourd’hui, par l’impôt sur le revenu, il s’agit au contraire d’affranchir jusqu’à une certaine mesure raisonnable et juste, précisément cette population nombreuse de laborieux, qui est sous une autre forme encore taillable et corvéable à merci ; sans cependant imposer cette méthode de contributions un peu trop sommaire à la classe riche, à celle qui peut facilement prélever sur ses revenus considérables une plus grande fraction de ses revenus, pour faire face aux dépenses publiques, dont elle profite, dans une plus grande mesure, d’ailleurs. On verra plus loin, comment, sans aucune sorte d’inquisition et d’une manière même beaucoup plus simple, il est facile de substituer cette méthode plus économique et plus juste, aux innombrables for-