sesseurs de la fortune. Pour mon compte, j’éprouverais plutôt le sentiment contraire, la ploutophobie parce que la ploutocratie, qui domine en France, comprend mal la situation et qu’elle tend à nous acculer à des difficultés insurmontables.
Le contribuable court un gros risque en se soustrayant à l’impôt. La partie n’est pas égale et il a parfaitement le droit de frauder un fisc injuste, brutal et qui a la force pour lui.
Il ne faut prendre la maxime : « Redde Cæsari… » que dans l’esprit où elle a été dite, c’est-à-dire en équité. Où l’impôt est injuste, et l’impôt sur le Revenu l’est, surtout s’il joint à l’odieux de l’inquisition et de l’arbitraire, celui de la progressivité, le contribuable est fondé à recourir à tous les moyens de ruse et de dissimulation pour s’y soustraire.
C’est cependant bien en matière d’impôt que Jésus-Christ a dit au publicain qui cherchait à le mettre dans l’embarras : Redde Cæsari…
Le fait de se soustraire à l’impôt existe sous toutes les législations fiscales. Quant au droit de le faire c’est une question résolue en sens divers ; car on peut toujours prétendre que l’impôt n’est pas juste, puisqu’on ne l’a pas consenti soi-même et qu’il est imposé comme son nom l’indique. J’ai consulté à ce sujet des avocats, des canonistes, des fonctionnaires, des curés, des magistrats. Quelques-uns, les moins nombreux, en font une affaire de conscience ; les autres une affaire de chance et disent : Vous pouvez choisir, si vous n’êtes pas pris, c’est autant de gagné,