Page:Dufay - L’Impôt Progressif en France,1905.djvu/308

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nommera évidemment un gouvernement en dépit du sens commun. Ce sera, non le gouvernement national, mais le gouvernement contre la nation. La grande, l’inexplicable, l’injustifiable iniquité de ce projet, est la progression en faveur de laquelle il n’est donné aucun argument raisonnable. C’est du brigandage tout simplement, notamment au sujet de la confiscation pure et simple de toute fortune au-dessus de quarante millions. Peut-être cependant vaut-il mieux considérer cela comme une simple plaisanterie.

Il semble cependant qu’il est absolument juste de ne rien demander pour la communauté à celui qui n’a pas même de quoi pourvoir à sa nourriture, son habillement, son logement. Cette somme de 400 francs est même jugée si peu suffisante que tous les projets de réforme jusqu’à ce jour ont élevé les exemptions jusqu’à 700, 1,000 et même 1,200, selon les conditions locales où se trouve le contribuable. Un autre passage paraît encore à M. de Resnes plus inacceptable ; j’ai dit qu’à partir de 40 millions de rentes (et non pas de capital, comme le suppose mon critique), l’État pourrait demander, à ce milliardaire, à titre d’impôt ce qui dépasserait ce chiffre colossal de revenus. Je continue à prétendre que ce ne serait que justice, que ce n’est point le but du droit de propriété privée, d’arriver à faire attribuer à un seul ce qui est le produit du travail de tous, et cela par l’effet de l’usure et de la spéculation, car il est impossible d’imaginer un travail quelconque qui puisse légitimer une pareille rémunération.

Nous verrons plus loin comment les grands législateurs ont traité la question de l’intérêt, c’est-à-dire