Page:Dufay - L’Impôt Progressif en France,1905.djvu/385

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Et les journaux rapportent que le centre applaudit.

Voilà l’inconvénient de traiter à la tribune une question scientifique et expérimentale. L’habileté oratoire crée pour le moment dans l’esprit une certaine illusion ; on prend pour une réalité ce qui est simplement l’expression d’une pensée vague de l’orateur. Comment ! c’est quand l’égalité sociale et politique s’établit de plus en plus entre les hommes par les progrès de l’idée de justice et par la liberté, qu’il ne faut tenir aucun compte de l’état personnel de l’individu dans la répartition des charges publiques, qu’on lui ferait payer un impôt réel, quand la res, c’est-à-dire la chose, lui manque, comme il arrive trop souvent dans notre système actuel. Une grande partie de nos impôts est supportée par des personnes qui ne possèdent rien, ou qui possèdent à peine de quoi subvenir à la première de toutes les contributions, le strict nécessaire pour elles et leur famille[1].

L’impôt réel, l’impôt sur les choses et sur leur produit, mais c’est ce que demandent tous les partisans de l’impôt sur le revenu ; ils prétendent seulement que cet impôt ne doit entrer dans la caisse de la communauté, c’est-à-dire l’État, qu’après le prélèvement de l’indispensable à la vie du travailleur. Et cela, il n’est guère possible de l’obtenir qu’en traduisant l’impôt sur la chose en impôt personnel, c’est-à-dire qui

  1. Est-il certain, au surplus, que M. Jules Roche ne commet pas une erreur historique quand il dit qu’à l’origine des sociétés l’impôt était personnel ! En fait l’impôt a toujours eu en vue la chose, la res appartenant à la personne. Il arrivait seulement qu’au lieu de prouver l’existence de la chose, on la supposait. C’est ce que nous devons proscrire absolument.