Page:Dufay - L’Impôt Progressif en France,1905.djvu/422

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tes qui expulse des champs, chaque année, des milliers de cultivateurs. Nos journaux sont remplis, tous les jours, d’insertions annonçant la vente d’immeubles appartenant à des familles agricoles, conduites ainsi à une sorte de faillite à peu près inévitable. Tant pis pour les faibles, disent nos féodaux financiers, qui ne se soucient pas autrement de voir le travail découragé par l’application de lois fabriquées par la puissance capitaliste. Elle ne s’inquiète guère plus de ces tristes résultats que l’aimable société du XVIIIe siècle, ce qui provoquait cette réclamation de Voltaire il y a cent cinquante ans : « L’essentiel, après tout, c’est d’avoir toujours de jolies danseuses à l’Opéra ».

III. Tout cet ensemble d’institutions illogiques jette chaque année des malheureux par centaines de mille sur les grandes routes, déracinés, errants, ne sachant plus où loger, où travailler, où se nourrir ; on les précipite vers des ateliers, des usines, des indus tries regorgeant déjà de travailleurs inutiles, malheureux, démoralisés, ne croyant plus à rien, ni au droit ni à la justice, incapables de comprendre les principes d’une société véritablement saine, et finissant par regarder le crime lui-même comme une revanche légitime contre cette société où il n’y a plus place pour occuper leur activité d’une manière suffisante.

IV. Au-dessus de ces masses de prolétaires dévoyés, quelques milliers d’individus, par une sorte d’effet automatique de l’agiotage, de la spéculation et de l’usure, attirent à eux une part considérable du produit du travail général. Ceux-ci, par l’argent, finissent par être maîtres du fonctionnement de toutes les grandes institutions d’État, administration, finances, ma-