Page:Dufay - L’Impôt Progressif en France,1905.djvu/433

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Chez les Grecs et les Romains, le principe existait aussi, limitant dans la mesure du possible le taux du prêt à intérêt. Les représentants des hautes classes sociales, notamment à Rome, les sénateurs, auraient été disqualifiés s’ils avaient vécu à la mode de nos capitalistes modernes, c’est-à-dire s’ils avaient vécu de leurs rentes, comme nous le disons aujourd’hui.

Malgré ces interdictions, on a vu toutes les sociétés anciennes arrivées à un certain degré de richesse, succomber sous le poids des guerres sociales et des guerres civiles provoquées par l’appropriation individuelle de cette richesse au profit de quelques--

    même qu’on prête à ceux qui ne sont pas en état de rendre ce qu’on leur prête, parce que c’est de la charité. « Si vous prêtez, dit saint Luc, à ceux de qui vous espérez recevoir quelques services, quel gré vous en saura-t-on, puisque les païens mêmes se prêtent les uns aux autres pour recevoir un pareil avantage. Prêtez sans en rien espérer, et alors votre récompense en sera très grande, ci vous serez les enfants de Dieu, parce qu’il est bon aux ingrats et aux méchants. »
    Ces documents sont tirés des conférences ecclésiastiques de Paris sur l’usure, dont il sera question ci-après. Il paraît que l’érudition moderne s’est avisée de contrôler ce qui, au XVIIIe siècle, ne faisait aucun doute. Elle enseigne aujourd’hui que le Deutéronome a été découvert dans le temple de Salomon la dix-huitième année du règne de Josias par Hilkija, grand-prêtre, qui le remit à Schaphan, envoyé de Josias pour recueillir les sommes déposées dans le temple pour les réparations de l’édifice sacré. Le fait se serait passé en l’an 621 avant Jésus-Christ. On admet communément aujourd’hui que le Deutéronome n’a pas été composé avant Ézéchias, c’est-à-dire qu’il remonte au plus en l’an 727.
    C’est une codification des lois diverses en usage chez les Israélites, et pour lui donner plus d’autorité, on l’a mise sous le patronage de Moïse, personnage |à demi légendaire qui fut, du reste, le plus grand des prophètes du peuple juif. Rien ne s’oppose cependant à faire remonter cette codification d’ancienne loi au delà du VIIIe siècle, mais rien non plus ne prouve le contraire. Ainsi il est difficile de l’attribuer particulièrement à Moïse ; on peut légitimement supposer que la codification en question donnait le texte de loi qui existait de son temps. Plus près de nous, on a bien donné les noms de Justinien et de Napoléon à des codes dont vraisemblablement, ils n’ont pas écrit un seul mot.
    Les lois, c’est le peuple qui les prépare ; puis les juristes les rédigent, enfin, un grand homme les codifie et leur donne son nom. On dit, les lois de Moïse, de Lycurgue, de Minos, de Solon, etc. Ils ne les ont pas créées, ils les ont mises en ordre, en chapitres, en codes.