Page:Dufay - L’Impôt Progressif en France,1905.djvu/460

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment, malgré les charges et les dettes écrasantes du pays, une apparence de durée et de solidité à toute épreuve. Nous sommes les maîtres de la presse, surtout de la presse financière, et nous pouvons, comme par enchantement, transformer en huit jours en valeurs discutables la plupart des titres représentant peut-être la moitié de la fortune du pays ».

Tout ce raisonnement repose sur une fausse et malveillante appréciation de la réforme proposée. Si l’impôt sur le revenu devait aggraver la situation des travailleurs et des petits propriétaires, ce serait une hypocrisie que de le présenter comme favorable à la partie la plus nombreuse de la population qu’il s’agit, au contraire, de dégrever. Rappelons-nous à ce sujet ce qui s’est passé en 1848. Le Trésor, comme cela arrive généralement après toutes les révolutions, se trouvait tout à coup dans l’impossibilité de faire face aux dépenses ; il recourut au moyen qui paraissait alors le plus honnête : augmenter de 45 centimes certaines contributions, au lieu de recourir à un emprunt qui aurait dû se réaliser à des conditions onéreuses. On avait oublié, dans cette loi, que les 45 centimes allaient atteindre surtout la grande masse des travailleurs et des petits propriétaires, déjà fort embarrassés par les difficultés des affaires agricoles, industrielles et commerciales ; ce fut, comme le dit M. Kergall, le suicide de la République. Si, à cette époque, les idées de justice avaient été plus répandues dans les esprits qui dirigeaient la politique, on aurait, sans doute, exempté de cette augmentation d’impôts les classes les plus nombreuses et les moins aisées, on aurait procédé, comme nous le proposons aujourd’hui, en