Page:Dufay - L’Impôt Progressif en France,1905.djvu/465

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Apprenons donc à profiter des leçons de l’histoire.

M. Kergall ajoute : Comment connaître le revenu et la fortune de chaque citoyen ? À cette objection j’ai déjà répondu ; je donnerai plus loin le questionnaire très simple à remplir par chaque citoyen. Nous n’aurons plus un impôt, c’est-à-dire une charge imposée et non discutée, mais une répartition des charges publiques librement débattue entre le citoyen et l’État, et où figurera enfin le véritable esprit de justice ; ce qui n’existe pas aujourd’hui où les impôts ne tiennent aucun compte ni des charges de famille, ni des dettes, ni des dépenses professionnelles du contribuable.

M. Kergall regarde comme impossible l’évaluation des bénéfices du commerce et de l’industrie, ainsi que des revenus des professions libérales. Et aujourd’hui, tient-on compte de ces revenus pour l’impôt des patentes, par exemple, lorsque nous voyons deux industriels, ou deux médecins, ou deux avocats payant la même patente, tandis que l’un d’eux gagne, par exemple, cinq mille francs et l’autre cent mille par an ?

Oui, je le prévois, celui qui gagne cent mille francs en déclarera trente ou cinquante, peut-être ; ce sera déjà autant de gagné pour le Trésor public, et, en même temps, pour son voisin qui, gagnant peu ne paiera rien et paie aujourd’hui comme s’il gagnait beaucoup. Et, d’ailleurs, après dix ans, vingt ans si un acte quelconque ou la mort, acte inévitable, vient révéler une fortune, un capital augmenté, de cinq cent mille francs, par exemple, est-ce que l’on aura pas là une preuve authentique de dissimulation ? Le contri-