Page:Dufay - L’Impôt Progressif en France,1905.djvu/486

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

plusieurs, soit des inégalités naturelles, soit de certaines circonstances fortuites de naissance ou de position (Lamennais, Le Livre du Peuple, p. 168.)



Le devoir du législateur est d’aider le plus grand nombre à parvenir à la liberté et à la propriété, sans laquelle la liberté n’existe pas ; à faciliter le chemin qui conduit à la possession du petit capital et à rendre plus difficile la voie qui mène à la très grande fortune. Or, c’est le contraire qui existe aujourd’hui, grâce à la législation qu’il s’agit de réformer ; moins on possède, plus l’impôt est lourd ; plus on est riche plus il est léger. La loi doit fournir à tous les moyens d’acquérir par le travail le minimum sans lequel les hommes sont à la merci du moindre accident qui les prive du pain de chaque jour ; elle doit les décharger des impedimenta qui les retardent dans la marche vers un état supportable. Il y aura toujours assez de traînards, d’éclopés, d’impuissants créés par les tares héréditaires ou individuelles. Aidons au moins ceux que la nature a rendus aptes à fournir de bons combattants dans l’immense armée des travailleurs. Débarrassons-les des obstacles créés par l’homme, et notamment de ce poids de l’impôt qui les cloue sur place.

On dit que les grandes fortunes, les capitaux accumulés dans quelques mains sont nécessaires à la réalisation de certaines grandes entreprises d’intérêt général. C’est bien douteux, et on peut prétendre