Page:Dufay - L’Impôt Progressif en France,1905.djvu/539

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tion ; il passe en fraude de l’alcool, et se procure, ainsi, 180 francs ; son honneur va être sauf ; il va les porter au receveur. — Il manque 20 francs, plus quelques frais. Il est gravement question de le mettre en prison pour cette différence ; il y est peut-être au moment où j’écris : dans sa bonté, notre miséricordieuse administration promet à la femme et aux enfants du prisonnier quelques bons de pain incapables de les nourrir et des bons de charbon pour cuire les aliments qu’ils n’ont pas.

D’autres juges viennent de condamner à une amende de mille francs une pauvre femme surprise à offrir à sa triste clientèle 1.710 allumettes.

Évidemment la société tremblerait sur sa base si d’aussi horribles crimes demeuraient impunis.



Voilà à quelle extrémité peut conduire la misère. Un autre fait divers, tiré d’un journal anglais, nous donne l’exemple du bon emploi de la grande richesse favorisée en Amérique, comme chez nous, par les habiles précautions d’une législation qui fait porter le poids de l’impôt sur le travail, pour ménager davantage le capital, seul objet de toute la sollicitude du législateur : Voici la traduction de ce passage :

Cinquante mille francs pour un dîner de vingt-quatre couverts ! Les gens raisonnables croiront peut-être que c’est une blague, et pourtant le fait s’est passé le 30 juin au Savoy-Hôtel, à Londres. Un millionnaire américain, que les jour-