Page:Dufour-Vernes - Recherches sur J.-J. Rousseau et sa parenté, 1878.djvu/8

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clarent qu’ils ne voient pas là matière à l’apothéose d’un homme. Quelques-uns aussi, tour à tour remplis d’admiration et saisis de dégoût à la lecture de ses œuvres, demeurent découragés et incertains sur le parti qu’ils ont à prendre. La situation se complique encore de la circonstance que les fêtes de Jean-Jaques ont de tout temps revêtu un caractère politique. Le gouvernement de la République de Genève ayant, soit par conviction, soit par condescendance pour un État voisin, condamné en 1762 l’Émile et le Contrat social, il a été de mode dès lors, pour tout parti progressiste et pour ceux aussi qui affectent de l’être, de faire de Jean-Jaques l’incarnation de leurs idées, de représenter dans cet ami de la paix et du silence le symbole de la lutte pour les droits de l’homme. Il en résulte que pour ceux qui se disent démocrates, à tort ou à raison, c’est faire acte de mauvais citoyen que de n’être pas admirateur sans réserve de l’auteur du Contrat social, et cette prétention exagérée, irritant ceux qui ne l’acceptent pas, les rejette dans un silence dédaigneux et injuste.

Le caractère de Rousseau offre quelque chose de si complexe, parfois même de si insaisissable, qu’il sera bien difficile de se mettre d’accord à son sujet, mais il est désirable qu’au moins dans sa patrie Jean-Jaques soit aussi étudié et