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[1]J’espère mourir aussi pauvre que j’ai vécu ; quelques hardes et quelque argent[2]composeront vraisemblablement toute ma succession, et ce n’est guère la peine de faire un testament pour[3]si peu de chose. Mais ce peu n’est pas à moi : j’en dois disposer selon les lois de la[4]reconnoissance[5]. J’espère[6]qu’un motif si juste rendra ma dernière volonté respectable aux juges,[7]quoique peut-être elle ne soit pas revêtue de toutes les formalités requises[8]en pareil cas.

J’institue et nomme mon unique héritière et légataire

    p. 41-158. Dans la première édition (1898) de ce volume, le travail (p. 1-177) avait pour titre : Jean-Jacques Rousseau, ses infirmités physiques et leur influence sur son caractère et sur son talent. Il était accompagné de la reproduction de plusieurs textes, que l’édition de 1905 a supprimés.

    Parmi les études plus anciennes, on lira avec profit un bon article de M. Henri Joly : « La folie de J.-J. Rousseau » (Revue philosophique de la France et de l’étranger, juillet 1890). Il répond à celui que Ferd. Brunetière a écrit sous le même titre, avec une partialité choquante (Revue des deux mondes, 1er février 1890 ; — Études critiques sur l’histoire de la littérature française, 4e série, 1891, p. 325-355).

  1. Le peu que je laisse (A) — Je mourrai vraisemblablement (B) aussi pauvre. — Les notes en caractères italiques reproduisent la plupart des mots ou des phrases biffées par Rousseau, et les lettres A, B, C, indiquent l’ordre successif des rédactions ainsi abandonnées.
  2. feront selon toute ap[parence].
  3. disposer de si peu.
  4. de la justice et de la.
  5. et selon mes engagemens.
  6. que ce motif rendra.
  7. quand même il manqueroit à sa déclaration, j’aurois péché [remplacé ensuite par manqué] par ignorance.
  8. par les lois. Ces formes [ensuite formalités] sont si bruyantes et avec tous les soins [ensuite toutes les attentions] imaginables, il [ensuite on] est encore si peu sûr de ne pas laisser quelque moyen de nullité, qu’en faisant ce qui est juste, équitable et droit, j’aime en pareil cas (A) — de nullité, qu’un pauvre malade n’est guères capable des soins (B) — Je remplis un devoir indispensable, je fais une action juste et honnête, et je me repose sur [ensuite : je dois cette confiance à] l’honnêteté publique d’espérer (C).