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VERS LES SOMMETS

un autre jeune homme qu’il trouve aimable et gentil, chaque fois je t’ai vue impassible, distante et surtout incurablement mondaine, qualité pour laquelle tu connaissais mon absolue antipathie. Avec moi tu agissais comme une sœur avec son frère, mais une sœur qui n’a pour son frère guère d’affection. J’étais loin de penser, Élise, que sous ces dehors, que tu paraissais exhiber avec ostentation comme pour avertir les papillons, se cachait une personne telle que ta lettre me la révèle, une personne aimante, un cœur qui souffre ! Voilà un mot de ma surprise.

Maintenant permets à ma naïveté de te parler de mon chagrin. C’est mon défaut de psychologie et ton manque d’expansion qui sont la cause de ce qui arrive. Il y a six mois, il y a un an, il y a même un peu davantage, au temps où je méconnaissais vraiment la femme, où je la voyais avec de mauvaises lunettes, si tu avais su me prouver par ton attitude que je me trompais sur son compte ! Je la croyais légère. Et chaque fois que nous nous trouvions ensemble, tu affermissais chez moi cette croyance stupide. Je la croyais frivole, coquette, mondaine. On aurait dit que tu étais là tout exprès pour renforcer en mon âme cette malheureuse conviction. Je regrette de te dire que c’est par toi surtout que je la prenais pour une poupée vi-