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Page:Dufour - Vers les sommets, 1935.djvu/156

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VERS LES SOMMETS

ne, c’est qu’il te parle ainsi pour ton bien. Avant longtemps tu constateras combien grande est l’ingratitude des hommes. Ils lâchent aussitôt que l’ennemi fonce sur eux. Si quelques bonnes têtes ne se tiennent pas là pour les garder, ils prennent peur et disparaissent.

— Élise, si tu connaissais tous ceux qui m’appuient, tu ne les jugerais pas de cette manière. Mes tiroirs de bureau contiennent au delà de mille signatures d’hommes qui se recrutent parmi les plus représentatifs du comté, me priant avec instance de me présenter aux prochaines élections. Ils veulent un candidat choisi par eux, demandé par le peuple, dont ils expriment la volonté libre. À leur sage façon de procéder, dois-je préférer celle d’une trentaine de chefs qui agissent, eux, de leur propre autorité, en vue de leurs intérêts personnels ?

— Je suis donc en paix avec ma conscience, continua-t-il. La masse des électeurs désintéressés marche avec moi. Si le succès ne couronne pas la bataille, c’est avec une espèce de gloire que je subirai l’échec, car j’aurai donné une belle leçon, créé un précédent qu’on suivra une autre fois, abattu certains vautours insatiables, surtout préparé un certain esprit d’indépendance. Quant à vous, mon-