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VERS LES SOMMETS

Quand il sortit de la salle, Ledoux avait le visage cramoisi. Ses amis l’entourèrent, craignant la congestion cérébrale.

— Fiez-vous au jugement des délégués, mugit-il. Est-ce raisonnable ? Ils savaient qu’un grand parti leur avait confié la charge de lui choisir un candidat solide comme un chêne ! Que font-ils ? Ils se laissent circonvenir par un faux sentiment, par une foule inconsciente, par la crainte du désaveu populaire. Les quatre cinquièmes d’entre eux ne méritent pas de porter le nom d’hommes… La popularité éphémère de LeBrun les effraye. C’est un feu de paille ! Attendez et vous assisterez à l’écroulement de ce jeune homme !

Quelqu’un risqua :

— On prétend que c’est un talent, un génie même…

— Trêve de sottises, dit Pierre Maltais. Dans la politique, il s’agit bien de ça ! Il y faut tout le contraire. Le mérite et la valeur n’y comptent pas non plus. La politique demande un lutteur, un batailleur, un homme qui triomphera. Rien de plus.

— Aussi un homme qui fasse gruger un fromage à quelques courtisans, lança une voix de jeune.