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VERS LES SOMMETS

Ti-Noir dit :

— Dépêchons-nous maintenant. On court de gros dangers, tu sais. Toé, Marc, va-t’en à pied par le petit sentier du Ruisseau « Fret ». Moé, quand ma machine s’ra fourrée dans la grange, je m’couchrai su l’foin, pis j’ronflerai comme les soufflets d’une forge. Rappelle-toé, Marc, qui faut pas qu’on save qu’on a venu ici. — Bonjour !… Écoute encore :

— On a fait un coup pendable. Si on nous prenait, ça s’rait la prison pour la vie. Jamais il faut parler d’ça à personne.

Pour prouver que Marc comprenait les paroles de son copain, il se plaça l’index de la main droite sur la bouche, puis il partit en courant dans le sentier de la savane, où il disparut du théâtre de l’enlèvement. Un pivert s’envola à tire d’aile. Un écureuil, petit bolide couleur noisette, coula sous terre, comme s’il fût tombé dans le vide, effrayé de tant de malice de la part de deux pauvres chrétiens.

Les quatre chefs venaient de faire payer à Jules LeBrun sa dette à la société pour le crime affreux de s’être porté candidat sans leur agrément.