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VERS LES SOMMETS

Je compris, Françoise, qu’un des leurs avait joué pour moi ce tour du téléphone. On serait allé encore plus loin. Des adversaires, mieux rétribués que les autres afin de crier plus fort, se seraient engagés à prouver que les deux hommes qui m’avaient arrêté sur la route étaient de mes partisans, deux fiers-à-bras que j’avais dressés à cette fin. C’était un truc que j’aurais inventé dans un moment de découragement pour disparaître de la scène, alors qu’on avait fait courir le bruit que je voulais abandonner la partie.

— Je sais qu’Élise Boisclair, dit Françoise, fit tout en son pouvoir pour te combattre pendant ta campagne politique. Mais était-ce pour le seul motif du dépit ? Fut-elle pour quelque chose aussi dans l’affaire de ton enlèvement ? Penses-tu qu’elle ait été capable de tant de malice ?

— Je crois vraiment qu’elle a trop d’orgueil pour avoir déclaré à ses parents sa déception d’amour, bien que ceux-ci fussent peut-être terriblement désappointés lorsqu’ils apprirent que j’avais donné mon cœur à une autre. Mais, Françoise, la vraie cause de la bataille que me livrèrent si malhonnêtement M. Boisclair et comparses fut leur crainte de perdre le « patronage », puis celle, plus grande encore, de se voir retirer les biens qu’ils avaient acquis