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Page:Dufour - Vers les sommets, 1935.djvu/32

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VERS LES SOMMETS

de posséder le don de divination pour avoir surpris ton amour. On ne le prend pas de si haut avec quelqu’un qui n’intéresse pas son cœur.

— Oui, je l’aime de toute mon âme, ce jeune homme. Au risque de passer à tes yeux pour très romanesque, je t’avouerai que sa vision m’étreint à m’enlever l’appétit et que je n’imagine déjà plus possible ma vie sans lui.

— Ma chère, ton bonheur me rend heureuse. De tout cœur, je souhaite que notre « grande demoiselle » et son « surhomme » viennent bientôt s’agenouiller à la balustrade de notre église et unissent leurs deux destinées incomparables…

— Bon, te voilà encore à plaisanter, Simone, dit l’autre, dans un éclat de rire. Comme tu as récidivé, je ne te confie plus rien. Pour assurer la réalisation du souhait que tu viens de m’exprimer avec un peu d’ironie, rendons-nous à l’église rejoindre la chère maman et y faire notre prière. Une prière à l’intention également de celui qui fait l’objet de mon amour.

Un vent tiède caressa leurs joues rosies. Sur l’une des branches encore dénudées d’un vieux hêtre, une jeune grive, vêtue d’un frac brun, laissa couler de son bec jaune les roulades de son sifflet jovial.