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VERS LES SOMMETS

mœurs, c’est difficile. Tout de même ce ne devrait pas être impossible. Voyez-vous un homme arrivé député sans passer par les mains des chefs ? C’est alors qu’il ne devrait rien à personne en particulier, qu’il serait indépendant des puissants et de la caisse électorale. Ce serait l’âge d’or de la politique ! C’est ainsi que je l’entends. La politique serait une belle et grande chose, si une bonne fois elle se dépouillait de son sale vêtement de dépendance et d’égoïsme. Elle fournirait aux honnêtes gens l’occasion de servir leur pays. Telle qu’elle se pratique de nos jours, on ne peut y entrer sans avoir l’appui des bailleurs de fonds, de ceux qui l’avilissent, sans avoir recours aux intrigues les plus basses. Toutefois je connais quelques hommes de politique qui sont restés intègres. Vraiment le poste de député m’apparaît encore le poste convenant le mieux à celui qui est apte à jouer un rôle prépondérant parmi les siens. Occuperai-je ce poste un jour ?

C’est en silence que ses auditeurs anxieux avaient écouté ces paroles. Jamais dans de semblables occasions leurs oreilles n’avaient ouï de telles réflexions. Luc Tremblay risqua un mot :

— Après vous avoir entendu, on désire davantage que vous acceptiez, M. LeBrun. Vous êtes