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Mais leur ardeur, hélas ! devait être stérile ;
Devant les bataillons victorieux anglais
Ils ne se couvraient que d’une gloire inutile ;
Le trop douloureux jour où le drapeau français
Sur le pays qui doit à Cartier sa naissance
Cesserait d’ondoyer aux yeux de nos héros,
Bientôt devait venir donner à leur souffrance
Une fin qui sera le plus grand de leurs maux.

Du sein de nos cités, du sein de nos campagnes
Que l’ennemi foulait de son talon vainqueur,
Les sonores échos qui hantent nos montagnes,
N’apportaient plus, hélas ! que des chants de douleur,
Et le vieillard témoin de stériles faits d’armes,
Qu’accomplissaient son fils au bras faible et sanglant
Souvent se demandait les yeux remplis de larmes
Quelle serait la fin de ce drame émouvant.

Sous les toits des foyers où les heures nocturnes,
Aux instants d’autrefois avaient vu le bonheur,
On n’apercevait que des bouches taciturnes
Et des fronts que ridaient les soucis du malheur.
Parfois encouragé par une humble victoire
Nos pères en leur cœur sentaient l’espoir venir,
Quand un échec plus grand qu’avait été leur gloire
Venait leur faire encor plus sombre l’avenir.