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LA PREMIÈRE CANADIENNE

elle lâcha Bouvier pour se ruer sur celui qui venait de l’attaquer aussi rudement. M. Lajimonière s’y attendait, et, comme son fusil n’avait qu’un seul coup, il prit sa course vers son canot, où il avait un second fusil tout chargé. À peine l’avait-il saisi, que déjà l’ourse arrivait sur la grève et se levait pour monter sur le canot. M. Lajimonière, ne craignant plus de blesser son compagnon, visa la bête en pleine poitrine : cette fois, elle ne se releva plus.

Dès que l’ourse ne fut plus à craindre, Mme Lajimonière, qui, pendant tout ce tumulte, avait été toute tremblante de peur, alla relever le malheureux Bouvier qui était tout couvert de blessures et à moitié mort. L’ourse, avec ses ongles, lui avait arraché la peau du visage depuis la racine des cheveux jusqu’au bas du menton. Il ne lui restait ni yeux, ni nez, tout avait disparu. Cependant il n’était pas blessé mortellement : on pansa ses plaies aussi bien qu’on pouvait le faire en pareille circonstance et on entreprit de le transporter au fort des Prairies. Mme Lajimonière prit soin de lui le