Page:Dugas - Salve alma parens, 1941.djvu/16

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Dans le soir, l’érable balance ses bras vénérables. Doré par le soleil, dispensateur d’un suc unique, il évente sa vieille âme symbolique. Depuis un temps immémorial, il a nourri ses fils des eaux les plus vives : ces eaux qui traînent un goût d’ambroisie, un filet de nectar.

Quand vient l’automne, son feuillage berce la mort de l’été. Apothéose des feuilles où le rouge le plus sanglant alterne avec le vert le plus tendre. Charme de la beauté finissante, mêlé à ce qui ne veut pas mourir encore. Orchestration des déclins, et ce fin travail des soleils morts ayant laissé dans leurs ramilles des baisers de feu. Fête de la couleur !

De ces feuilles — tellement elles sont belles ! — on voudrait se construire un lit de repos ou d’amour.

Dans le soir, l’érable balance ses bras séculaires. Il évente sa vieille âme symbolique.

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