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UN VOYAGEUR

hommes d’une force et d’un courage incomparables. On a raconté d’eux des choses qui paraissent si extraordinaires, que, souvent, nous aurions refusé de les croire si nous ne les avions entendu rapporter par les personnes les plus dignes de foi et dont les récits ne peuvent être taxés d’exagération. Quelquefois, les chiens, exténués de fatigue, mouraient en route ; le voyageur canadien, les raquettes aux pieds, s’attelait au traîneau et poursuivait son chemin.

Les forts des compagnies étaient bâtis à des distances considérables les uns des autres ; le voyageur, pour s’y rendre, avait à franchir, à pied, des centaines de milles d’un pays inhabité ; à traverser d’immenses prairies, nues comme l’Océan ; à coucher sur la neige, en hiver, par des froids de 50 degrés ; enfin, à passer quelquefois plusieurs jours sans trouver aucune nourriture. C’était une vie rude, mais notre voyageur Charbonneau se riait de ces misères. La compagnie, qui savait utiliser les