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DES PAYS D’EN HAUT

rendre au fond du Nord avec le reste de l’expédition.[1]

Le jour du départ, une foule de personnes se rendaient à Lachine pour être témoins du spectacle. Les voyageurs avaient soin de refouler leur chagrin au fond du cœur par de copieuses libations.

Quand les canots étaient chargés et que la flottille était prête, un hourra solennel, poussé par toutes les poitrines, faisait retentir les

  1. Cette expédition de Robertson eut le plus funeste résultat. Elle était exclusivement composée de Canadiens. Les canots sur lesquels ils étaient n’arrivèrent à leur destination que vers la fin de l’automne, et, malheureusement, aucunes provisions n’avaient été amassées d’avance dans ces contrées, pour nourrir les voyageurs pendant l’hiver ; jamais plan ne pouvait être plus mal calculé.
    La compagnie du Nord-Ouest, qui avait devancé de plusieurs années la compagnie de la baie d’Hudson au lac Athabaska, se trouvait maîtresse du pays et commandait aux sauvages. Rendu à la Rivière-Rouge, Collin Robertson avait chargé un nommé Clark de conduire l’expédition, et celui-ci comptait sur les Indiens pour se procurer des vivres. Mais quand ils arrivèrent au lac Athabaska, les sauvages étaient déjà retirés dans l’intérieur des terres, et ils se trouvèrent dépourvus de tout, sans aucun espoir de trouver de quoi vivre. Ils étaient au nombre de cent. Espérant se procurer quelque moyen de subsister par la chasse, ils se sépa-