Page:Dugas - Un voyageur des pays d’en-haut, 1890.djvu/33

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
31
DES PAYS D’EN HAUT

toute nourriture, le long de la route, qu’une maigre ration de maïs (blé-d’Inde lessivé).

Les Canadiens de nos campagnes sont accoutumés à manger de la viande de porc bouillie dans la soupe, mets que les habitants, affamés par leurs rudes travaux des champs, trouvent délicieux. Aussi, dès que les nouveaux voyageurs se voyaient privés de ce bon plat de famille qu’ils avaient savouré autrefois avec délices, ils se lamentaient comme les Hébreux au souvenir des oignons d’Égypte, et répétaient tristement ce refrain : Ah ! si nous avions du lard !

Pendant les deux mois que durait le voyage de Montréal à la Rivière-Rouge, c’était toujours la même plainte qui revenait.

La pitance allouée pour chaque jour, consistait en une pinte de maïs lessivé et une once de graisse ; chacun pouvait y joindre de l’eau à discrétion. Avec cela le travail était rude, et les journées longues. La brigade ne s’arrêtait que pour le dîner. On comprend