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avril 1782, il lui demande sans ambages, que Thomas Prendergast, qui s’est fait aimer de sa fille, soit envoyé à un poste éloigné. Haldimand répond qu’il ne peut rien pour le moment, mais qu’il saisira la première occasion. Le 24 septembre, M. de Tonnancour revient à la charge, puis le 22 octobre, et l’affaire semble marcher, puisque, le 30, il remercie le gouverneur de sa bienveillance. Mais il comptait sans la demoiselle : voici bien que Manette décide de défendre son bien, son cœur, son chirurgien. Elle aussi est capable d’écrire : le 20 mai 1783, elle supplie ce brave général qui vient de bloquer une invasion américaine de ne pas bloquer un pauvre petit mariage ; elle lui confie son affection pour le Dr Prendergast et bat en brèche l’opposition faite par ses amis. La rusée ne parle pas de son père… Le 2 novembre, deuxième contre-attaque de Manette, toujours en français, pour renouveler sa demande à l’égard du cher docteur. Le 20 février 1 784, M. de Tonnancour, qui a sans doute capitulé, écrit au gouverneur pour une affaire de réparations de casernes, mais sans dire un mot du docteur ni de Manette, dont le mariage a lieu trois semaines après : les cœurs en train de crouler sont réparés eux aussi !… Pas de jugement de Salomon qui tienne dans un tel cas. La matière en litige est inséparable. Le pauvre père meurt deux mois plus tard, à 72 ans, ce qui supprime la résistance au deuxième mariage mixte, celui de Marie-Marguerite avec un loyaliste américain, Thomas-Craigie-Holmes Coffin, le 22 février 1786, devant un ministre protestant (Delisle), et ratifié, le 29, à l’église catholique de Vaudreuil. Madame Coffin meurt en 1839 ; son fils sera un excellent catholique et son mari se convertira avant de mourir, en 1841, aux Trois-Rivières.

La seigneurie de Tonnancour proprement dite, y compris le fief Gatineau, est cédée en dot à madame Coffin, et l’on ne voit plus de Tonnancour à la Pointe-du-Lac : la lignée se continue à St-Michel d’Yamaska, d’où elle rayonnera, jusqu’à la génération actuelle qui est la dixième. En voici le tableau plus facile à saisir :

1ère génération : Jean — Baptiste Godefroy de Linctot ;
2e : Louis Godefroy de Normanville ;
3e : René Godefroy de Tonnancour ;