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1,400 qui restent à la Pointe-du-Lac ne sont qu’un reste, et la paroisse-mère peut renouveler la douleur de Rachel qui pleure ses fils et qui ne veut pas de consolations, parce qu’ils ne sont plus, parce qu’ils n’ont pas su créer d’autres campagnes qui seraient ses filles. Alors qu’il fallait essaimer, on a émigré, déserté en sourdine.

Image locale, à multiplier par cent et plus, de la désastreuse et interminable saignée de la race canadienne-française.

a — Les voyages

l’histoire militaire

Les Iroquois, qui descendaient le Richelieu jusqu’à Sorel, et le fleuve jusqu’en Gaspésie, eurent tôt discerné l’importance stratégique de notre pointe, et ils s’y fortifièrent pour dominer la grande avenue du lac et du fleuve, si bien que l’historien de 1650 mentionne « leur ancien fort de la Pointe-du-Lac qui leur donnait en toutes saisons les moyens de se répandre à l’intérieur des terres et de se retirer, en cas d’alarme, vers leur champ de manœuvre habituel, le lac Saint-Pierre ». On a retrouvé, derrière les camps Tomaqua, des pointes de flèche en pierre.

En 1663, le gouverneur baron d’Avaugour, alarmé de la terreur iroquoise, propose au roi d’établir un fort en face des Trois-Rivières, pour guetter les deux berges du fleuve, puis deux autres plus considérables, munis d’artillerie, l’un à la Pointe-du-Lac, l’autre à l’embouchure de la rivière Nicolet.

Cette idée de fort ne se réalisera qu’après l’invasion américaine de 1776, alors qu’Anglais et Canadiens, instruits par la descente des troupes ennemies chez nous, bâtiront un fort dont les remblais de terre se voient encore très nettement aux camps de cette pointe qu’on appelle Tomaqua, du nom de la dernière montagnaise qui a séjourné au hameau indien situé au bas de la côte.

Le 8 juin 1776, le général américain Sullivan, parvenu à Sorel, voulut attaquer le corps anglais des Trois-Rivières, écrit Bibaud : « Il fit embarquer sur le lac Saint-Pierre 1,800 hommes