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être pendus devant la maison. C’était bien théâtral, un peu trop vues-animées : on les pendit à l’endroit où la sévère justice d’alors exécutait les simples voleurs de chevaux.

M. de Tonnancour se dépensa beaucoup pour la cause loyaliste ; il recrutait des hommes et guettait les suspects. C’est dans sa maison des Trois-Rivières que Sir Guy Carleton déguisé en Canadien, vêtu d’étoffe et conduit à Québec par Bouchette, prenait son repas quand des officiers américains, alors maîtres de la campagne, vinrent à entrer. Carleton fit semblant de prendre un somme, la tête dans ses bras posés sur la table, jusqu’à ce que Bouchette, qui était rusé, vint lui donner une grande tape sur l’épaule : « Allons, Baptiste, réveille-toi, il est temps de s’en aller ! » Le gouverneur se leva, suivit son homme au canot et descendit à Québec à la barbe des Américains, sans être inquiété. La lieutenance-générale de M. de Tonnancour lui donnait des bureaux à l’ancien collège du Platon, aux Casernes, et l’obligeait à courir des distances formidables ; car, écrit Sulte : « Durant tout le régime français, et même jusque vers 1800, quand on parlait des Trois-Rivières, c’était toujours dans l’intention d’indiquer le pays situé sur les deux bords du St-Laurent et qui embrasse le lac St-Pierre en descendant jusqu’à Ste-Anne-de-la-Pérade ».

Beaucoup de gaillards sortirent de là, un peu fanfarons et vantards, avec peut-être plus de raison que d’autres.

Dès 1685, La Hontan écrivait que « les Trifluviens sont les meilleurs soldats de la colonie ».

En 1755, Bougainville notait « une grande différence pour la guerre et les voyages d’en-haut entre les Canadiens du gouvernement de Québec et ceux des gouvernements des Trois-Rivières et de Montréal, qui l’emportent sur les premiers ».

En 1812, le quartier-maître Hubert écrit de son bataillon : « Il est surprenant qu’après et pendant un tel voyage, il n’y ait pas eu un seul homme de malade. Nous avions pourtant fait des marches longues et précipitées dans de très mauvais chemins. Nos jeunes Canadiens sont très vigoureux pour les voyages. Les Anglais et autres ne peuvent pas les suivre… Aussi notre bataillon a eu les compliments les plus flatteurs des deux généraux et des autres officiers ».