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boisement de nos 442,000 lots à prendre ? Il ne s’agit pas de glisser une misérable annonce du Département des Terres, payée tant la ligne pour se noyer dans un fond de page avec les pilules Moro, mais d’articles précis, bien lisants et bien lus, qui reviennent à la charge, citent des témoignages de colons, ressassent les raisons et les moyens d’aller là-bas plutôt qu’en ville. Que fait donc le Journal d’Agriculture, lui qui est tout désigné pour dire aux cultivateurs ce qu’ils doivent faire de leurs fils ? Qu’il enseigne donc en même temps à conserver les vieilles terres et à défricher les nouvelles !

Pourquoi des tracts courts, attrayants, activants, ne se répandent-ils pas à millions dans toutes les écoles ou sur les perrons d’églises de nos vieilles campagnes et de beaucoup de nos paroisses franco-américaines, offrant des héritages à tous, assurant aux familles pauvres une échappée brillante sur l’avenir dans l’Abitibi, la Matapédia ou la Lièvre ? On pourrait modeler ces tracts sur ceux qu’emploie la Bonne Presse de Paris pour réfuter les erreurs courantes : feuille simple imprimée des deux côtés sur deux colonnes avec reliefs et illustrations pour que les idées entrent davantage. Ou encore, copions ces appétissants papiers du Canadien-Nord et du Pacifique-Canadien, annonçant avec le succès que chacun connaît les terres de l’Ouest.

Les jolies brochures du ministère de la Colonisation sont trop dispendieuses pour être distribuées à tous : on en expédie aux gros bonnets, puis on réserve les autres à ceux qui daignent les demander : il s’ensuit qu’elles n’atteignent pas ceux qui devraient les connaître. Le fermier qui écrit pour se les procurer a déjà l’idée de la colonisation ; c’est l’autre, l’ignorant, dont l’horizon se borne à ses clôtures et à son bout de rang, et qui achètera une malle et un billet de chemin de fer à ses fils quand ils seront d’âge à aller s’établir en ville ; c’est le fermier de rou-