Page:Dugré - Vers les terres neuves, 1917.djvu/47

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 45 —

d’un avenir se décide, il faut que le jeune campagnard ait le plus de cordes possible à son arc en faveur de la terre « Si vous ne faites pas de vos fils des prêtres, disait un jour son Éminence le cardinal Bégin, tâchez d’en faire des agriculteurs. »

Avec une jeunesse ainsi formée, notre race aura autre chose que des appétits de confort et de repos satisfait ; elle gardera ses vieilles gloires et en recherchera de nouvelles. Le recrutement de la colonisation future sera facilité, pourvu que nous ayons des chefs qui en prennent l’initiative. Déjà, dans presque tous nos diocèses, un prêtre est spécialement chargé des œuvres sociales, choses ouvrières et organisations agricoles ; pourquoi ne s’entendrait-il pas avec le gouvernement pour diriger à bon port le surplus de ses comtés, ces jeunes et ces pauvres qui, faute de savoir mieux, s’exilent misérablement pour eux et pour nous ?

aide aux colons

Au point de vue colonisation, la pauvreté se trouve être la meilleure et la pire des choses : la meilleure, parce qu’elle oblige son homme à chercher des héritages ailleurs qu’aux banques ; la pire, en ce qu’elle rend la période de défrichement si pénible que seuls les plus courageux passent à travers, et que les autres ou bien succombent à l’ennui et à la faim et passent pour de faux colons, ou bien, plus souvent, trouvent plus simple d’aller aux États, où tous les enfants pourront gagner, où l’argent vient plus vite et plus brillant.

Comme ce sont les pauvres qui ont fait, qui font et qui feront les frais d’héroïsme de s’attaquer à la forêt par amour pour leurs fils et pour la patrie, et comme, même chez les peuples les plus admirables, l’héroïsme n’est pas une denrée qu’on puisse exiger de tout le monde, à jet