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lot, comme l’Ontario[1] lui-même le permet à nos compatriotes des environs de Hearst, sur le Transcontinental, qui vendent pour trois ou quatre mille piastres de bois aux pulperies du Wisconsin ? Voilà de quoi défrayer les premières dépenses d’un établissement ; on peut se nourrir, payer des hommes, acheter des animaux et des machines. N’est-ce pas une tracasserie d’un autre âge et de la plus pointilleuse race française, que de forcer à brûler leur bois sur place des défricheurs qui n’ont pas le sou pour s’acheter des chevaux et du grain de semence ? On redoute le faux colon, ce monstrueux bandit, qui coupe les arbres, les vend et se sauve ! N’y a-t-il donc pas moyen de punir les fripons sans écraser toute la catégorie des travailleurs les plus héroïques et les plus nécessaires à notre pays ? Condamne-t-on au garage à perpétuité tous les automobiles parce qu’un malheureux chauffeur, qu’on peut at-

  1. Voici une comparaison plutôt cruelle des règlements de colonisation dans les deux provinces, tirée d’une lettre de M. J.-L. Pineau, président actif de la Ligue de colonisation Nouveau-Québec et Nouvel-Ontario, (La Presse, 10 mars 1917) :

    Règlements d’un lot au Nouvel-Ontario : « Le colon a droit à un lot de 160 acres, à 50c l’acre, payable en 4 ans, à 6%. Enregistrer le lot 6 mois d’avance, si désiré, et pendant les trois ans, bâtir une maison 16 x 20, au moins, défricher, résider et cultiver 16 acres. »

    Comme on le voit, il n’y a pas de restrictions au défrichement ; le colon peut même engager de l’aide, faire couper et vendre autant de bois de pulpe qu’il le désire. Et après les trois ans le colon a droit à un autre lot de 160 acres, aux mêmes conditions que le premier. Aussi, une première personne, désirant payer une seconde personne, pour faire exécuter les conditions d’un lot, la première personne devient, par le fait, propriétaire de ce lot, mais à condition que le défrichement soit de 32 acres, au lieu de 16. Tout colon peut faire la chasse et la pêche, au Nouvel-Ontario, dans quelque endroit, sans avoir à craindre les régions louées à des clubs, comme on en voit dans notre province.

    Règlements d’un lot en Abitibi : — « Le colon a droit à 100 acres, à 30c l’acre ; défricher au moins 3 acres par année, et les mettre en culture l’année suivante ; dans les (30) trente mois, il devra bâtir une habitation et une grange, et obtenir ses lettres patentes, après 30 mois de résidence continue, et s’il a 15% d’acres en culture. Tout bois coupé, sur le lot avant l’émission des lettres patentes, au contraire que pour défrichement, chauffage, bâtisses et clôtures, sera considéré comme ayant été coupé sans licence, sur les terres publiques. Le colon ne peut pas faire la chasse, et la pêche, dans les régions louées à des clubs. »

    Ne serait-il pas préférable de livrer la forêt au colon, au lieu du marchand de bois ?