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chemins, concessions, etc., ni des protestations contre les tracasseries de tels marchands, agents des terres ou autres potentats de l’oppression. Il faut des meneurs : c’est ce qui a peut-être le plus manqué à notre vaillant petit peuple dans le passé, et cette faiblesse de gouvernement a fait la force de nos adversaires. La sentence du vieux Grec est toujours vraie : « Une armée de cerfs conduite par un lion est plus à craindre qu’une armée de lions conduite par un cerf. »

Quand il s’agit de colonisation, tout le monde est un peu cerf, il faut des lions à la tête : ce fut le succès de l’Ouest, ce sera le nôtre. Mieux vaut chercher ces vaillants en dehors, au-dessus de la politique, comme pour le Conseil de l’Instruction publique : l’idéal serait peut-être une poignée de patriotes, un comité de la Saint-Jean-Baptiste, qui s’entendît avec NN. SS. les Évêques, les gouvernements et les compagnies de chemins de fer, et qui eût la confiance du peuple sans acception de partis. Qu’on se mette à l’œuvre sans retard, afin d’avoir une organisation toute prête quand se produira la crise. Cessons de vivre cinquante ans en arrière, de tirer des plans et de comparer des statistiques : toute construction d’édifice ou de peuple comprend trois choses : le plan, les matériaux, l’exécution. Nous dépensons nos énergies aux plans, personne ne se charge de l’exécution, et ainsi nous laissons perdre les matériaux, ces belles familles qui émigrent. Si nous voulons survivre parmi les hommes pratiques qui s’emparent du Canada, il nous faut être pratiques aussi et nous emparer du sol de notre Québec, par un élan de colonisation à outrance, Pro Deo et Patria.