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Page:Duhamel - La Vie des martyrs.djvu/112

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tricolore ou mi-parti noir et blanc, et des chiffres. Souvent, de vastes bas-fonds inondés, d’où les croix émergeaient à peine, entre les peupliers, comme des gens qui étendent les bras pour ne point sombrer. Beaucoup d’anciens villages, des ruines humbles, irrémédiables. Et, pourtant, là-dessus, de place en place, des baraques étiques, planches et tuiles, exhalant une mince fumée et abritant une lumière timide, un essai de recommencer la vie comme autrefois, à la même place qu’autrefois. Par hasard, un hameau que la tornade avait à peu près respecté, et que nous trouvions hypertrophié par l’afflux des populations voisines.

Au delà de P***, notre marche, entravée par la confluence des convois et des corps de troupe, devint fort pénible, sans cesser d’être rapide. Réservées aux masses militaires qui doivent aller vite, arriver tôt et frapper soudainement, les grandes routes nous étaient interdites. De tous les points de l’horizon convergeaient des multitudes disciplinées, avec leur arsenal de choses formidables, roulant dans une odeur de benzol et d’huile surchauffée. À travers cette cohue ordonnée, nos convois