Page:Duhamel - La Vie des martyrs.djvu/168

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Aujourd’hui, nous avons ri, je vous l’assure, nous avons bien ri, Léglise, les infirmiers et moi.

Nous causions de sa pension future, en préparant le pansement, et quelqu’un lui a dit :

— Tu vivras comme un petit rentier.

Léglise a considéré son corps et a répondu en souriant :

— Oh ! un bien petit rentier, un tout petit rentier.

Le pansement s’est très bien passé. Léglise a imaginé, pour nous faciliter la tâche, de s’accrocher des deux mains à la tête de son lit et de soulever ses moignons en l’air en se renversant sur les épaules. C’était un spectacle terrible, inimaginable ; mais il s’est mis à rire et le spectacle est devenu cocasse. Nous avons tous ri. Justement le pansement s’est trouvé facile et vite achevé.

Ses moignons bourgeonnent bien. Dans l’après-midi, on l’assied sur son lit. Il commence à lire et à fumailler, en parlant aux camarades.

Je lui explique comment il pourra marcher avec des jambes artificielles. Il plaisante encore :