Page:Duhamel - La Vie des martyrs.djvu/17

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sément, qui s’exprime avec candeur, mais que je souhaiterais tant vous faire entendre.

À cette époque où rien ne ressemble plus à soi-même, tous ces hommes ne sont plus ceux-là que vous avez connus naguère. La souffrance les a réveillés du sommeil de la douce vie et, tous les jours, elle les abreuve d’une redoutable ivresse. Les voici plus qu’eux-mêmes, et nous n’avions aimé que des ombres heureuses.

Ne perdons rien de leurs humbles propos, inscrivons leurs moindres gestes, et dites-moi, dites-moi que nous y penserons tous ensemble, à chaque heure du jour, maintenant et plus tard, alors que nous éprouverons la tristesse des temps et la grandeur du sacrifice.