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Page:Duhamel - La Vie des martyrs.djvu/177

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LA TROISIÈME SYMPHONIE


Tous les matins, les brancardiers descendaient le vice-feldwebel Spät à la salle de pansements, et son entrée y jetait toujours un certain froid.

Il y a des blessés allemands que les bons traitements, la souffrance, ou d’autres mobiles amènent à composition et qui acceptent ce qu’on fait pour eux avec une certaine reconnaissance. Ce n’était pas le cas de Spät. Pendant des semaines, nous avions fait maints efforts pour l’arracher à la mort, puis pour adoucir ses souffrances, sans qu’il témoignât la moindre satisfaction, ni nous adressât le plus sommaire remerciement.

Il savait quelque peu de français, qu’il utilisait strictement pour ses besoins matériels, pour dire par exemple : « Un peu plus coton sous le pied, Monsieur ! » ou encore : « Y a-t-il fièvre, ce jour ? »

À part cela, il nous montrait toujours le même