Page:Duhamel - La Vie des martyrs.djvu/182

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même lui donner la plus grande part de cigarettes et de bonbons. Mais, si je ne vous montre pas Grégoire, vous partirez sans l’avoir vu, et il ne mangera pas de bonbons, et il n’aura rien à fumer.


*


Ce n’est pas à cause de cela que je dis de Grégoire qu’il est un paria. C’est pour une chose bien plus triste et bien plus secrète : Grégoire n’a pas de courage, en outre il n’est pas ce qu’on appelle un bon blessé…

En général, les gens qui soignent les autres appellent « bon blessé » l’homme qui ne leur donne pas trop d’ennui. À ce compte, tout le monde dans l’hôpital vous dira que Grégoire n’est certes pas un bon blessé.

Toute la journée, il est couché sur son côté gauche, à cause de sa plaie, et il regarde le mur. Je lui ai dit, dès les premiers jours :

— Je vais te faire changer de lit et mettre dans l’autre coin ; comme ça, tu verras tes camarades.