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Page:Duhamel - La Vie des martyrs.djvu/194

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C’est une chose fort triste, après cela, que de soigner Grégoire et de l’entendre gémir :

— Ah ! Mais, tirez pas comme ça, vous m’arrachez le cœur !

Je lui fais remarquer que, s’il ne se laisse pas soigner, il sera plus malade. Alors il pleure :

— Ça m’est ben égal, pisque j’vas périr…

Il a découragé les infirmiers, les brancardiers, tout le monde. Il ne me décourage pas ; mais il me donne beaucoup de peine.

Vous tous, Messieurs, qui vous réunissez pour parler des causes de la guerre, de la fin de la guerre, de l’usure des effectifs et des bases de la société future, excusez-moi de ne point vous donner mon opinion sur ces graves questions ; je suis vraiment trop occupé par la plaie de ce malheureux Grégoire.

Elle n’est pas satisfaisante, cette plaie, et, quand je la regarde, je ne peux plus penser à autre chose : les cris du blessé m’empêcheraient d’envisager assez tranquillement avec vous les conditions de la