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Page:Duhamel - La Vie des martyrs.djvu/228

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VIII


Qui donc nous a montré l’enfer comme un lieu de tortures sans espoir et d’éternelles lamentations ?

Je crois que, même au plus profond de l’enfer, les damnés chantent, plaisantent et jouent à la manille. Je l’imagine pour avoir vu ceux-ci ramer sur leur galère, où la fièvre et les plaies les tiennent enchaînés.

Blaireau, qui n’a perdu qu’une main dans la bataille, prélude à mi-voix :

Si tu veux fair’ mon bonheur…

Ce souffle timide attise le feu qui couve. Houdebine, qui a le genou écrasé, mais qui se sent à peu près tranquille jusqu’au lendemain matin, prend franchement le parti de Blaireau et poursuit en cadence :

Marguerite ! Marguerite !

Le couple reprend, avec un sourire enchanté :

Si tu veux fair’ mon bonheur,
Marguerit’ prêt’-moi ton cœur.

Pour chanter le dernier vers, Maville s’est mis de