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Page:Duhamel - La Vie des martyrs.djvu/41

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le doigt. La salle tremble encore de mon ordre impérieux. Une bonne dame, qui ne comprend pas tout de suite, me regarde avec stupeur.

Mais Marie, rouge et craintif, refoule cependant la souffrance indue. Et, tant que dure le pansement, je lui contiens fortement l’âme pour l’empêcher de souffrir en vain, comme d’autres lui serrent et lui maintiennent les poignets.

Et puis, tout à coup, c’est fini. Je lui montre un sourire fraternel qui détend son front comme un arc.


*


Une dame, qui est au moins duchesse, est venue rendre visite aux blessés. Elle exhalait un si violent et si suave parfum qu’elle ne pouvait certainement pas sentir l’odeur de la douleur qui règne ici.

On lui a montré Carré comme un des plus intéressants spécimens de la maison. Et elle le considérait avec un sourire curieux et flétri, auquel les fards conservaient une beauté.

Elle a fait à Carré quelques réflexions patriotiques pleines d’allusions touchant sa conduite au feu… Et Carré a cessé de contempler la fenêtre pour