Bien des philosophes depuis Giordano Bruno, ont durement
reproché à André Osiander la préface qu’il avait mise
en tête du livre de Copernic. Les avis donnés à Galilée par
Bellarmin et par Urbain VIII n’ont guère été traités avec
moins de sévérité, depuis le jour où ils ont été publiés.
Les physiciens de notre temps ont pesé plus minutieusement
que leurs prédécesseurs l’exacte valeur des hypothèses
employées en Astronomie et en Physique ; ils ont vu
se dissiper bien des illusions qui, naguère encore, passaient
pour certitudes ; force leur est de reconnaître et de
déclarer aujourd’hui que la Logique était du parti d’Osiander,
de Bellarmin et d’Urbain VIII, et non pas du parti de
Kepler et de Galilée ; que ceux-là avaient compris l’exacte
portée de la méthode expérimentale et qu’à cet égard,
ceux-ci s’étaient mépris.
L’Histoire des sciences, cependant, célèbre Kepler et Galilée, qu’elle place au rang des grands réformateurs de la méthode expérimentale, tandis qu’elle ne prononce pas les noms d’Osiander, de Bellarmin ou d’Urbain VIII. Est-ce, de sa part, souveraine injustice ? Ne serait-ce pas, au contraire, que ceux qui attribuaient à la méthode expérimentale une fausse portée et une valeur exagérée ont travaillé au perfectionnement de cette méthode beaucoup plus et beaucoup mieux que ceux dont l’appréciation avait été, tout d’abord, plus précise et plus exactement mesurée ? Les Copernicains se sont entêtés dans un réalisme illogique, alors que tout les portait à quitter cette erreur, alors qu’en attribuant aux hypothèses astronomiques la juste valeur que tant d’hommes autorisés avaient déterminée, il leur était facile d’éviter à la fois les querelles des philosophes et les censures des théologiens. Étrange conduite, et qui demande explication ! Or, est-il possible de l’expliquer autrement que par l’attrait de quelque grande vérité ; vérité trop vaguement aperçue par les Copernicains pour qu’il leur fût possible de la formuler en sa pureté, de la dégager des affirmations erronées sous lesquelles elle se dissimulait ; mais vérité trop vivement sentie pour que ni