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physicien dont la méthode apparaîtra, dès lors, comme le complément indispensable de la méthode astronomique ?

Or il est possible de sauver également les apparences par des combinaisons différentes de mouvements circulaires et uniformes. Le sens géométrique des Grecs était trop aiguisé pour que cette vérité ait pu leur demeurer longtemps cachée ; de très anciens systèmes astronomiques, celui de Philolaüs par exemple, n’avaient pu germer qu’en des esprits bien convaincus de ce principe : Un même mouvement relatif peut être obtenu au moyen de mouvements absolus différents.

En tous cas, une circonstance se présenta où les astronomes durent acquérir une conscience particulièrement nette de cette vérité : Des hypothèses différentes peuvent être également propres à représenter les phénomènes. Cette circonstance s’offrit au cours des recherches d’Hipparque.

Hipparque a prouvé, en effet, que l’on pouvait également représenter la marche du Soleil ou bien en supposant que cet astre décrivît un cercle excentrique au Monde, ou bien en admettant qu’il fût porté par un cercle épicycle, pourvu que la révolution de cet épicycle s’effectuât précisément dans le temps que son centre parcourait un cercle concentrique au Monde.

Hipparque semble avoir été grandement frappé de cette concordance entre les résultats de deux hypothèses très différentes. En son enseignement que Théon de Smyrne nous a conservé, Adraste d’Aphrodisie rappelait ce sentiment éprouvé par Hipparque : « Hipparque, disait-il[1], a fait remarquer qu’elle est digne de l’attention du mathématicien, la recherche de l’explication des phénomènes à l’aide d’hypothèses si différentes, celle des cercles excentriques et celle des cercles concentriques parcourus par des épicycles. »

Il n’y a assurément qu’une seule hypothèse qui soit con-

  1. Theonis Smyrnæi Platonici Liber de Astronomia…, textum primus edidit, latine vertit Th. H. Martin-Parisiis, 1849 ; cap. XXVI, p. 245. — Théon de Smyrne, philosophe platonicien, Exposition des connaissances mathématiques utiles pour la lecture de Platon, traduite pour la première fois du grec en français par J. Dupuis ; Paris, 1892. Troisième partie, Astronomie ; ch. XXVI ter, p. 269.