Page:Duhem - ΣΩΖΕΙΝ ΤΑ ΦΑΙΝΟΜΕΝΑ.djvu/57

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Cette théorie des révolutions célestes sauve tous les principes de la Métaphysique péripatéticienne ; s’accordet-elle également avec les observations astronomiques ? Thomas d’Aquin sait bien qu’il n’en est rien *. Déjà Eudoxe, Calippe et Aristote ont été obligés, pour représenter les divers accidents du cours des planètes, de compliquer extrêmement le système des sphères homocentriques, et plusieurs des complications qu’ils ont introduites ne trouvent point leur justification dans la philosophie du Stagirite. A plus forte raison on peut en dire autant des excentriques et des épicycles imaginés par Hipparque et par Plotémée. Quelle créance convient-il d’accorder à ces hypothèses sur lesquelles reposent les divers systèmes astronomiques ? Déjà Averroès avait insisté sur ce fait que les considérations par lesquelles les géomètres les justifient n’ont rien d’une démonstration logique. La critique d’ Averroès semble avoir inspiré à saint Thomas la réflexion suivante : « Les suppositions que les astronomes ont imaginées ne sont pas nécessairement vraies ; bien que ces hypothèses paraissent sauver les phénomènes (salvare apparentias)^ il ne faut pas affirmer qu’elles sont vraies, car on pourrait peut-être expliquer les mouvements apparents des étoiles par quelque autre procédé que les hommes n’ont point encore conçu. »

Cette réflexion, d’ailleurs, il l’avait déjà formulée auparavant ’, quoique d’une manière un peu plus concise, alors qu’il exposait cet axiome fondamental d’Aristote : Tout mouvement circulaire simple se fait autour du centre du Monde.

<^ En effet, une roue qui se meut autour de son propre centre ne se meut pas d’un mouvement purement circulaire ; son mouvement se complique de montée et de descente.

a Mais il semble, selon cette remarque^ que les corps célestes ne sont pas tous mus de mouvement circulaire. En . Sangti Thomas Aquinatis Expositio super libro de Caelo et Mundo ; in lib. H lectio XVII.

. Thomas d’Aquin, Op. cit., in lib. I, lect. III.