Page:Duhem - ΣΩΖΕΙΝ ΤΑ ΦΑΙΝΟΜΕΝΑ.djvu/59

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sensibles touchant les mouvements célestes ; mais ce n’est pas là un motif suffisamment probant, car ces mouvements apparents se pourraient peut-être sauver au moyen d’une autre hypothèse. »

En ces divers passages, saint Thomas d’Aquin adopte les idées que nous avons entendu exprimer par Simplicius ; il emprunte presque les termes dont celui-ci s’était servi. Nous reconnaissons ici les marques bien visibles d’une influence exercée par le commentateur grec sur le commentateur scolastique. D’ailleurs, cette influence n’est point niable ; en ses Leçons sur le De Caelo et Mundo d’Aristote, saint Thomas d’Aquin cite, à plusieurs reprises *, les commentaires que Simplicius avait composés sur le même ouvrage.

Les principes posés par saint Thomas d’Aquin après Simplicius ont permis aux astronomes d’user sans scrupule des hypothèses de Ptolémée pour étudier les mouvements apparents des astres, alors même que leurs opinions métaphysiques les eussent contraints de rejeter ces hypothèses. Ainsi Jean de Jandun, grand admirateur d’Aristote et d’Averroès, adopte cependant, avec tous les astronomes de son temps, la seule théorie a^tronomique qui fournisse aux observateurs et aux calculateurs des canons et des éphémérides. Il affirme *, « avec Ptolémée et tous les astronomes modernes », qu’il est nécessaire de supposer l’existence d’excentriques et d’épicycles. « En effet, il faut admettre au sujet des corps célestes les hypothèses qui permettent de sauver les phénomènes {salvare apparentias) observés depuis longtemps et constatés sans qu’aucune erreur soit à craindre, lorsqu’il est impossible, sans recourir à ces hypothèses, de sauver ces phénomènes et d’en rendre raison. » Mais de ce que « ces orbites déterminent exactement les lieux et les mouvements des planètes, de ce qu’elles conviennent parfaitement au calcul et à la construction des (1) Voir, en particulier : In lib. l lect. VI et in lib. U iect. iV. (2) JoANNis DE Janduno Acutissimae quaestiones in duodecim libros Metaphysicae ad Aristotelis et magni Commentatoris intentionem ab eodêm exactissime disputatae ; lib. XII, quaest. XX.