« Comme le voulait Albert le Grand, ce sont les raisons tirées de l’expérience qui, en la méthode physique, jouent le rôle de principes (rationes ex experientia sumptæ in physica disciplina oblinent principatum). Les raisons des astronomes, tirées de la diversité des mouvements célestes, des distances des corps célestes et des astres conduisent, par voie de conclusion, à poser les épicycles, les excentriques et les déférents ; de même cette raison naturelle doit entraîner cette conclusion : la matière doit être posée. En effet, si Ton ne pose pas la matière, le fait que la production de feu exige un apport de combustible ne peut pas être sauvé (non potest salvari), tout comme les apparences célestes ne sauraient être sauvées si l’on ne posait les épicycles, etc. L’hypothèse des épicycles, des excentriques et des déférents déplaisait au Commentateur Averroès ; mais il n’a assigné aucun procédé qui fût propre à sauver ce que l'on sauve au moyen de ces suppositions. On ppurrait lui en dire autant de l’admission de la matière et des autres causes naturelles, car il les pose en vue de sauver les phénomènes naturels (et sic dicerettir etiam ei de assignatione materiæ et aliarum causarum naturalium quas ipseponit ad salvandum ea que naturaliter contingunt). »
Mais pour expliquer les propos de Luiz Coronel, il n’est pas nécessaire de faire appel à l’influence de Nicolas de Cues ; il suffit d’invoquer les traditions de l'Université de Paris ; Louis Coronel n’a fait que formuler la règle constamment suivie, en cette Université, dès le milieu du XIVe siècle, règle dont les travaux de Jean Buridan, d’Albert de Saxe, de Nicole Oresme fournissent maint exemple.
Demandons un tel exemple à une théorie que Jean Buridan défend avec autant de persévérance que de bonheur : Le mouvement d’un projectile n’est pas, comme le voulait Aristote, entretenu par le mouvement de l’air ambiant ; il est dû à une certaine qualité ou impetus engendrée en la substance du projectile par celui qui a lancé ce corps. Après avoir montré que les hypothèses, différentes de celle-là, qui ont été imaginées par divers philosophes sont toutes con-